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Extraits....
À six ans, j’ai découvert le village. L’arrêt du bus se situait alors dans la cour de l’ancienne école. À six cents mètres. Monsieur Datuche nous prenait le matin, ramenait le midi, venait nous rechercher après le repas et en fin de journée nous redéposait. Aucun chahut dans son bus blanc. Nous n’avons jamais été plus de dix. Les enfants du village et ceux de Borodiville, situé trois kilomètres plus loin. J’étais le seul né en 1968. Vincent et Guy, nés en 1966 et 1965 sont frères. Leur cousin, Pascal, est né en 1970. Les trois habitaient près de cette ancienne école, l’un derrière, rue de Vublon, les autres devant. Leur mère sont soeurs. Et la fille du maire, Lucie, née en 1966. Au village, quelques plus grands, Patrick sûrement né en 63 ou 64 et son frère Auguste, du même âge que ma soeur, de 61 donc. Et Louis, un an en plus ou en moins, je n’ai jamais vraiment su, « fils des riches », la ferme aux deux ouvriers. Je l’ai accompagné à la chasse. Parce que le fils d’un chasseur doit suivre son père à la chasse. Jusqu’au jour où j’ai compris qu’il pourrait facilement me buter et prétendre à l’accident. J’ai alors refusé de me lever ces matins-là. Dans la classe, avec madame Merlier (CP), mademoiselle Turpin (CE1 – CE2), monsieur Merlier (CM1 – CM2), je me sentais bien. Il m’a fallu atteindre le CM2 pour me sentir bien aussi dans la cour de récréation. Avant « les grands » représentaient toujours un danger. Sortir en récréation n’était pas un plaisir. Mais dans la classe, j’étais protégé, rien ne pouvait m’arriver. Être en sécurité, sentiment d’insécurité, vivre au bord de l’abîme, personne n’utilisait ces expressions. J’ai compris vers trente ans. Avant, j’ai continué à porter mon sempiternel mal de ventre, une anxiété, une angoisse permanente, un rien me faisait tressaillir. A suivre |